Le thème choisi et la qualité de la théologienne invitée ont clairement suscité beaucoup d’intérêt car nous étions nombreux lors du culte-débat du dimanche 19 mars. Valérie Nicolet, Doyenne de l’Institut Protestant de théologie, nous a présenté l’histoire de la quête du Jésus historique qui commence en Allemagne au 18ème siècle avec la publication posthume de l’œuvre du philosophe Reimarus « L’objectif de Jésus et de ses disciples ». La longue histoire de cette quête distingue trois aspects de la personne de Jésus : le Jésus « terrestre » ou « réel », le Jésus « historique » tel que le présentent les historiens, toujours influencés par leur époque, et le Jésus-Christ de la foi révélé par les évangiles et les épitres de Paul.
On peut présenter schématiquement trois étapes de cette quête toujours inachevée :
La première étape ouverte par Reimarus établit une distinction entre le Jésus réel et les visées théologiques des évangiles. Elle conclut cependant avec Bultmann à l’impossibilité de l’entreprise historique et insiste sur la seule proclamation de la figure du Christ.
La seconde étape engagée vers 1950 réagit contre les thèses de Bultmann et cherche à distinguer le Jésus « réel » du Jésus restitué par les historiens. Ernst Käsemann inaugure cette recherche et insiste sur le critère de dissemblance, d’étrangeté du Jésus des évangiles au regard du contexte historique, critère utilisé comme preuve d’authenticité des témoignages.
La troisième étape initiée par les chercheurs américains (en particulier E. P. Sanders) à partir de 1980, insiste au contraire sur le critère de plausibilité au regard du contexte juif du 1er siècle. Cette nouvelle recherche prend en compte une meilleure appréciation du contexte historique et sociologique de l’univers judéo-romain du premier siècle, insistant sur la « judéité » de Jésus. Elle est aussi une réaction à l’antisémitisme au 20me siècle qui conduisit à la Shoa.
Les nombreuses questions qui suivirent la présentation furent la démonstration de l’intérêt de tous pour la question inaugurale : « Que sait-on de Jésus aujourd’hui ». Un intérêt qui dépasse largement les dénominations confessionnelles et ne peut qu’enrichir la vie spirituelle des chrétiens au 21me siècle.