Sagesse des hommes et folie de Dieu, par Olivier Joël

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Exemple

Sagesse des hommes et folie de Dieu, par Olivier Joël

Lectures : Amos Ch 5 , v 21-24, Mathieu ch 5 , v 1-12, 1 Corinthiens 1 , v 25-29.

Ne penserait on plutôt, à la sagesse de Dieu s’ opposant à la folie de l’homme ?

Folie de Dieu, sagesse de l’homme ou plus exactement « La folie de Dieu est plus sage que la sagesse de l’homme ».

Ainsi s’exprimait Saint Paul au début de la première lettre aux corinthiens. Trois versets plus haut Saint-Paul dit : « les juifs demandent des miracles. Les Grecs recherche la sagesse ».

Cette double affirmation provocatrice décrit, en premier lecture, une folie de Dieu, plus sage que la sagesse de l’homme. C’est une affirmation, très forte, mais surtout pleine de sens si  l’on considère que les miracles ont un caractère un peu fou. Pour s’exprimer de façon triviale ,  Saint Paul s’est inscrit dans la culture et la spiritualité juive ; pour les Grecs, c’est autre chose, mais les Grecs sont les fondateurs de la sagesse.

En reliant, sagesse chez les Grecs et miracle chez les juifs, Saint Paul va énoncer une forme de provocation, en invoquant la folie de Dieu, la folie de la foi nouvelle laquelle au travers de l’enseignement et des actions de Jésus contrevient aux habitudes sociales et par le mystère de la croix, et la résurrection de Jésus, transcende de façon existentielle les miracles, lesquels  j’ose dire sont plus habituels… Quoi que…

La sagesse grecque n’est pas ridicule ; elle organise le raisonnable, la démocratie dans la société, elle s’interroge aussi sur la folie. Celle-ci cohabite avec des récits un peu fou de de demi-dieux qui refusent ce statut comme Ulysse quittant Calypso et donc tout le prestige conféré au demi-dieu.

De même Sophocle dans Antigone fait dire à Créon s’adressant à Antigone et à Ismène, sa sœur cette phrase lapidaire tres pertinente puisqu’elle alimente encore des débats actuels : ces deux femmes sont folles, l’une depuis la naissance (Antigone, l’inné), l’autre vient de le devenir (Ismène l’acquis). Folie et sagesse interrogent déjà la Grèce antique.

Voilà déjà que sagesse et folie s’invitent à Athènes chez les philosophes, mais l’Athènes du Ve siècle, pose la sagesse raisonnable comme le grand principe régissant les rapports humains, la démocratie et ses règles.

Le décalogue, et la tradition d’Israël, ne sera pas en reste grâce à ce code et ses règles concernant Dieu, la famille, la société.

Mais reprenons, qu’en est-il de la folie de Dieu plus sage que la sagesse de l’homme ?

La première folie, c’est la liberté que Dieu nous donne de croire ou non en lui.

C’est peut-être un sophisme pour les non-croyants, mais c’est un vrai questionnement pour les croyants et ceux qui tentent de l’être !

Du reste, n’est-ce pas tout simplement croire Dieu autant que croire en Dieu car d’une certaine façon, nous vivons des épisodes épars de notre vie, épisodes successifs, et nous avons du mal à comprendre le dessein de Dieu dans nos vies, au même titre que nous identifions difficilement le dessein de Dieu pour l’humanité, au-delà des accidents de la vie à titre personnel, nous subissons guerre, catastrophe, évolution climatique, temps plus ou moins long des civilisations et des cycles de la géologie.

Croire Dieu autant que croire en Dieu, c’est accepter à prime abord, une forme de folie, sans en percevoir la signification profonde plus sage que la sagesse des hommes.

Ainsi, peut-on distinguer au moins deux grands types de folie de Dieu

Celle que j’appellerai le bouleversement des codes sociétaux, c’est la folie qu’incarne Jésus.

Et cela concerne aussi les règles imposées par Rome

Certes on nous déclare que les deux nouveaux commandements résument et confirment le décalogue c’est bien sûr exact.

Tu aimeras Dieu de toute ta force et tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Semblable au premier, ce deuxième commandement va bouleverser les codes sociaux, et les remettre en cause. Certes, il ne s’agit pas de réfuter les 10 commandements, le décalogue, mais de les agrandir, permettre un élargissement, une remise en cause bienveillante en proposant de nouvelles perspectives du vivre ensemble. Les premiers seront les derniers, les femme adultère, l’enfant prodigue…

Vis-à-vis de Rome : rendez à César…

Et bien sûr face ou à côté du décalogue, les BÉATITUDES. Quel renversement, quelle élargissement de la loi, veterotestamentaire ,sans pour autant la renier tant elle est déjà aussi forte

On décrira alors Jésus comme un révolutionnaire, un DRH ou un éthicien moderne.

L’éthique de la situation contre la morale traditionnelle !

De fait, malgré tous les efforts initiés et vécus des communauté chrétiennes primitives, l’église institutionnelle ultérieure aura vite tendance à revenir à une pratique se declarant faussement l’héritière d’une tradition attribuée aux premières communautés chrétiennes.

Mais la folie de Dieu n’est pas que cette remise en cause ; elle définit un lien avec l’injonction de l’amour du prochain. Elle va apparaître de façon multiple mais de manière plus spectaculaire, mais également sage par sa pertinence et sa visée spirituelle, transcendante.

En effet, mythe pour certains mais bien transcendance spirituelle pour d’autres c’est la seconde folie.

Tout d’abord par la guérison les miracles de Jésus lui-même.

Vas ta foi, t’a sauvé, ce ne sont pas les herbes du rebouteux, ni les médecines d’Hippocrate, qui se veut humanisme sage, mais ta foi … quelle folie ! quelle absence de la raison de la science !.

De plus, cela concerne aussi bien l’ennemi, le centurion de capharnaüm que la personne isolée,  exclue, Zaché cachée dans son arbre, qui va pouvoir intégrer les amis de Jésus.

C’est alors que Jésus et Dieu nous introduisent dans la seconde grande folie de Dieu : proposer une aventure spirituelle, inconcevable par nous, peuple, sage et respectueux des lois et des codes..

Certes, la folie de Dieu n’est pas nouvelle, elle parcourt et inonde déjà l’ancien testament.

Puisque Dieu parle par les prophètes, quelle folie que ce texte de Amos à prime abord ; cela veut simplement nous dire que ce qui compte avant tout, c’est notre foi : le fait de croire en Dieu, de croire Dieu !

À quoi bon ces rites, ces sacrifices, ces prières !  Affirmation incroyable, Amos nous dit déjà que Dieu attend de nous solidarité et amour et non la celebration de rites convenus, alibi pour couvrir nos insuffisances.! AMOS comme ESAIE  annonce déjà ce que seront le enseignements de JESUS .

Qu’en est il de la folie de la ressurection de JESUS : pour les disciples, il est important d’être conforté  par le fait que Jésus est vraiment ressuscité.

Alors ils chercheront dans l’ancien testament, tout ce qui annonce la venue d’un messie  .

Il faut que Jésus ait offert sa vie pour notre salut et qu’il soit ressuscité.

Alors un chemin nous est proposé avec la cène, la résurrection, l’ascension.

Ce qui compte n’est pas une vision eschatologique, le jugement dernier, mais que comme le disait déjà Esaïe : Dieu a anéanti la mort et essuyé les larmes .Cette affirmation est importante , elle indique aussi que la mort n,est pas l’acte qui bornerait notre vie terrestre, cette barriere fut elle que symbolique pour certains n’ est pas un obstacle à un passage.

Ainsi deux folie, lesquelles sont sages aux yeux de Dieu, qui s’opposent à la sagesse de l’homme, mais elles comblent notre humanité, une sagesse dont la source jaillit dans les matériaux et les  terrains d’étude .. pour les historiens et les exégètes. Ces derniers les retracent par leur compréhension, de  l’etude du personnage historique de Jésus, l’autre, celle à laquelle on adhère comme un cheminement, mais lorsque le versant de la montagne devient plus ardue sa pente plus forte, mais dont on peut accepter chacun à son rythme, l’Ascension .

C’est deux versants d’une même montagne : Un versant lent, plus doux, nos chers et verts pâturages-, l’autre plus aride, voie spirituelle montant en altitude.

Que chacun se sente libre dans le choix de l’ascension. Mais certains auront à cœur d’être avec une foi, empruntant les deux chemins.

 Des la Grèce antique se mêlent , des chemins , des voies , parfois contrastés et divers, comme dans l’ancien testament,  Dieu dans les psaumes n’est pas seulement un dieu guerrier, un père dominateur, pensons au psaume 103 , Dieu est « compatissant et lent à la colère » et même dans l’Iliade et l’odyssée d’Homère, huit siècles avant Jésus-Christ voici un passage un passage étonnant de la réconciliation entre Achille et Priam, les ennemis jurés, Achille a tué Hector et Priam est désespéré ….mais ils se rencontrent dans un échange annonçant déjà l’amour du prochain et une sorte de pardon prémonitoire

« Achille prend la main du vieux ( Priam ) et l’écarte doucement .Tous les deux se souviennent : Priam pleure Hector, Achille pleure sur son père, sur Patrocle et leurs plaintes s’élèvent à travers la demeure. Mais le moment vient ou Achille a satisfait son besoin de sanglots, le en quitte son cœur et ses membres à la fois. Brusquement de son siège il se lève ; il prend la main du vieillard, il le met debout ; il s’apitoie sur ce front blanc, sur cette barbe blanche. Puis, prenant la parole, il dit ces mots ailés : malheureux ! que de peines auras-tu endurées dans ton cœur. »

N’est-ce pas un acte d’amour pour notre prochain fut -il notre ennemi juré que ce partage de larmes…

Dieu anéantit la mort et essuie les larmes. Alors se mêle dans notre humanité, tant de folie, tant de douceur et d’amour,

La folie de Dieu c’est sa compassion , le lent recours a la colère , sa bienveillance , qui nous offre le choix de le croire et de choisir les folles pentes de la spiritualité ,d’un partage au delà de nos espérances.

Olivier Joel