Echos de la presse régionale sur le changement d’heure pour le culte dominical à Neuilly, dès janvier à 11h

Accueil Activités Articles Echos de la presse régionale sur le changement d’heure pour le culte dominical à Neuilly, dès janvier à 11h

Exemple

Echos de la presse régionale sur le changement d’heure pour le culte dominical à Neuilly, dès janvier à 11h

A lire dans Paroles Protestante de Janvier :  « On a changé l’heure du culte, La vieille dame et la voix » par Herman Grosswiller

Entre tradition et adaptation, l’Eglise doit faire au mieux pour trouver un rythme qui convienne au plus grand nombre. Changer l’heure du culte devient un enjeu théologique majeur. L’expérience d’une paroisse qui a sauté le pas.

Son chapeau enfoncé jusqu’aux oreilles, courbée par le poids du caddie de provisions qu’elle traine, la vieille dame ronchonne un peu contre ces jeunes freluquets qui lui ont modifié ses horaires. « Vous voyez, je suis obligée de faire mon marché avant, maintenant. » « Mais vous êtes là, Madame, et c’est heureux » lance une voix souriante derrière elle. Le ton n’est pas moqueur ni détaché, juste teinté de l’affection de constater que malgré le trouble causé, la dame est venue. Par habitude, par fidélité, par désir d’être nourrie et de revoir ses amies, elle ne raterait pour rien au monde un culte, fût-il décalé à onze heures « pour laisser le temps aux petits jeunes de cuver leurs soirées de la veille, c’est tout de même un monde ! »

Décision difficile

Peu à peu le temple se remplit, quelques familles sont venues, cela donne à l’ensemble une ambiance plus chaleureuse et proche de la pyramide d’âges normale de la population de la ville. Pari réussi ? Le Conseil presbytéral a longuement médité, discerné ce nouvel horaire du culte à onze heures. Une demi-heure de décalage par rapport à la quasi-totalité des cultes de France, c’est bien peu mais c’est une décision lourde.

D’un côté, la fidélité des anciens et le désir que leur place soit respectée au cœur de l’assemblée. D’un autre côté, la nécessité de mieux ouvrir la communauté aux jeunes, aux familles nombreuses qui ont du mal à préparer les enfants, aux liens entre générations.

Une escale sur le chemin

Mais les enjeux sont aussi ailleurs, dans l’édification de la communauté et son accompagnement. Déplacer un symbole revient à lui donner un sens nouveau, à renégocier les acquis de la foi. C’est faire entrer dans les cœurs un peu d’étonnement, passer mentalement d’une Eglise dressée, immuable, à une communauté de vie. Et en amont de cette réflexion du Conseil presbytéral, il y a une vraie question théologique portée par le pasteur. La foi n’est pas croyance mais confiance, un chemin de questions qui déplace, relève et envoie vers demain. Lorsqu’une habitude est ancrée, elle peut alors prendre force de dogme et venir scléroser cette marche, peut-être l’interrompre. Elle délimite un enclos de ceux qui savent et pratiquent, ceux du dehors n’ayant plus forcément les codes d’accès. S’il n’est pas enclos de la foi, le culte est nourriture pour ce peuple de Dieu qui avance, prière et louange. Il est aussi escale dans la vie de chacun, qui chaque jour évolue et s’adapte au mieux au rythme du troupeau. Car si l’Eglise n’est pas notre Eglise mais celle de Jésus-Christ, elle se doit d’être au service de tous et non l’inverse. L’année 2020 a suffisamment montré combien la capacité des paroisses à s’adapter à des situations changeantes était forte.

Certitudes et convictions

Alors pourquoi est-ce à la fois si dur et passionnant de changer ? Peut-être parce que ce qui repose, ce sont les certitudes, les réponses, tout ce cadre de vie patiemment construit qui rassure. Ce qui met en marche, ce sont plus les convictions, ancrées en profondeur, qui appellent à se lever pour les suivre. Les jeunes le savent bien, il est tellement difficile de se lever…

Le culte a commencé. Au fond du temple, la vieille dame et la voix affectueuse s’échangent les recueils de cantiques. L’une explique les chants spontanés, l’autre lit les indications sur un lointain panneau et marque les pages. A Neuilly, un premier bilan aura lieu dans six mois.