Religion et solidarité : interview de Marie MEYER pour Neuilly Journal Indépendant

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Exemple

Religion et solidarité : interview de Marie MEYER pour Neuilly Journal Indépendant

(L’article complet comprend les réponses du Père Pierre Chollet,
du Rabbin Michaël Azoulay et du Pasteur Bruno Gaudelet.
Cf : http://neuillyjournal.com/2018/12/03/neuilly-journal-independant-n1271-2/)

Quelle est la place de la religion dans la solidarité ?

Bruno Gaudelet : Le protestantisme s’est constitué au XVIème siècle dans la dispute avec l’église catholique sur le thème du salut par les bonnes oeuvres.  Pour gagner son salut, il fallait jusqu’alors accomplir des œuvres méritantes. Le logiciel de la Réforme vient bousculer cette idée. Luther redécouvre le message de l’Evangile et valorise la vie laïque. Il reconnaît au politique la responsabilité de gérer la vie sociale. Le salut est compris comme donné et non plus comme mérité en récompense des bonnes oeuvres. Le protestant  envisage de faire le bien du prochain non plus pour être sauvé mais par souci de l’autre et pour construire un monde plus doux pour tous.

 

Comment la solidarité a-t-elle évolué d’un point de vue religieux ?

Bruno Gaudelet : ce n’est pas la solidarité qui a évolué,  mais notre société et nos mentalités. En déchargeant les religions de la charité,  la société laïque a engagé les religions à se repenser et à repenser leur rôle dans la société. Aujourd’hui la critique protestante du salut par les oeuvres se transpose au niveau du curseur social de la réussite. On « sauve » sa vie dans notre société si on réussit professionnellement, socialement, amoureusement économiquement,  etc. Ceux qui échouent sont des « loosers », des « perdants » pour ne pas dire des « perdus ». Dire l’Evangile aujourd’hui c’est rappeler que notre valeur ne dépend pas de nos réussites ou de nos échecs, mais elle nous est donnée par Dieu.

 

Par quelles actions se traduit-elle à Neuilly ?

 Bruno Gaudelet : Nous avons une association, l’Entraide, qui récolte des fonds pour des projets variés. Cette année, nous avons soutenu une association qui aide les drogués, une qui s’occupe des femmes en difficulté, une autre qui gère une soupe populaire pour les sans-logis, une banque œcuménique et SOS enfants qui oeuvre sur plusieurs continents pour construire des écoles, des puits.. Nous travaillons également avec le CASP qui organise des repas tous les dimanches pour les gens en difficulté ainsi qu’avec la Fédération des Entraides Protestantes pour aider un grand nombre de personnes qui en ont besoin toute l’année. Car nous n’aidons pas seulement au moment de Noël et d’ailleurs tout le monde œuvre, ne serait-ce que par l’impôt. Chacun contribue ainsi à la solidarité.

 

Comment les différentes religions peuvent-elles s’unir pour le bien commun ?

Bruno Gaudelet : « Le bien commun est l’affaire des citoyens. Les impôts permettent à chacun d’être acteur en ce domaine. Les religions fonctionnent chacune avec leur bagage, c’est assez compliqué de trouver un fonctionnement qui convienne à toutes en dehors d’actions ponctuelles. En outre, elles n’ont pas le monopole du coeur. Quel message enverraient-elles aux non croyants si elles se donnaient le rôle de la charité ? Depuis que la modernité a donné au pouvoir juridique et politique la structuration de la société, le rôle de la religion est autre. Il concerne le sens, l’éveille des consciences à l’autre et ses besoins ».