Prédication du pasteur Jean-Marc Kieffer, octobre 2014

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Prédication du pasteur Jean-Marc Kieffer, octobre 2014

Culte à l’occasion des 150 ans de la fondation de l’association cultuelle de Neuilly

Marc 13. 9 à 11

Philippiens 4. 4 à 9 :

 «… que tout ce qui est vrai, tout ce qui est digne, tout ce qui est juste,  tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est moralement bon et digne de louange soit l’objet de vos pensées; ce que vous avez appris reçu, entendu et vu en moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous. »  Phil.4. 8-9

Sœurs et frères, chers amis, Mesdames et Messieurs,

Ainsi aujourd’hui, en ce cent-cinquantième anniversaire de cette église réformée, une fois de plus et comme un dimanche ordinaire nous célébrons un culte à la gloire de Dieu. A vues humaines c’est un jour extraordinaire. Mais chaque dimanche il est extraordinaire de louer Dieu, comme dans bien d’autres communautés.

Louer Dieu ou dire de Jésus-Christ qu’il est proche (v.5), c’est affirmer l’essentiel. C’est croire, mais croire seulement. Se fonder en la foi. C’est croire que Jésus-Christ seul renouvelle en chaque génération cette communauté de foi que Lui rassemble. Alors il n’y a pas de renouvellement tacite comme en bien des contrats d’aujourd’hui, qui assurent parfois des rentes. La communauté chrétienne ne doit sa continuité qu’à la confiance de ceux qui la composent. Confiance en ces paroles que les témoins dans l’histoire de l’humanité nous disent venir de Jésus. Croire en Lui apporte vérité sur notre passé et notre présent et confiance pour l’avenir.

La communauté chrétienne est donc rassemblée autour des paroles de Jésus-Christ, pour en vivre et pour les transmettre. Notre intelligence de la vie et de l’histoire sont éclairées et comblées par Lui. Nous sommes comblés … ou justifiés, selon le vocabulaire biblique et théologique du 16ème siècle, toujours d’actualité.

Les chrétiens sont ceux qui perçoivent qu’en eux-mêmes, aucune pensée, aucune parole fondatrice ne peut naître de leur sein, de leur propre réflexion, pour trouver cohésion, apaisement et ouverture aux autres. Ils se fient en la Parole qui vient d’ailleurs, de l’extérieur. Pas d’eux-mêmes. La disponibilité d’une communauté tient alors à ce qu’elle est attentive à la Parole qui vient des âges … et lui parle encore aujourd’hui.

Nous pouvons être à l’écoute de Jésus-Christ, dans notre environnement. A l’écoute de ces paroles qui apportent lumière, vérité et secours. En différentes circonstances de l’Histoire (guerre de 1870, Commune, Occupation), maintes fois, par des voix successives, pastorales souvent, mais de sœurs et de frères aussi, la Parole de Jésus nous a été transmise et nous pouvons continuer… Pensons en particulier aux monitrices et moniteurs, aux catéchètes de cette église. Ces paroles, transmettant La Parole, ont fait de nous une communauté. Et vous, les fidèles que vous êtes, vous ne mesurez pas assez combien vos paroles et seulement votre présence, qui parle – auprès des malades, des blessés de la vie, des perdus de l’immigration – ont édifié la communauté. Surtout quand aucun de nous ne s’est pris pour le Christ, dans l’humilité du témoin, l’inutilité du serviteur qui n’est que par son maître.

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Il faut bien reconnaître qu’ une communauté chrétienne fonctionne comme bien des associations de nos sociétés occidentales. Chrétiennes ou non, pour servir et durer, elles se comportent comme l’écrit l’Apôtre en pratiquant ce qui est bon, pur, juste, vrai, aimable.

Une communauté qui se recommande du Christ n’est pas hors du monde, à moins de vouloir le combattre. Comme chrétiens, nous avons les habitudes de vie de tout un chacun, du moins dans nos sociétés façonnées par le christianisme. Et quand bien même notre monde serait-il plus païen que chrétien, ce monde vit, n’étant pas suicidaire. Il fait au mieux : la loi protège les faibles, les fautifs sont sanctionnés.  L’Apôtre attend donc de la communauté chrétienne qu’elle respecte ce qui cimente la société, jusqu’à  l’Etat. Un Etat qui peut évoluer et qui le fait, au prix de consensus parfois difficiles à construire, en se disciplinant avec le temps, en cherchant sans cesse droiture, justice et paix.

Karl Barth l’a écrit, «  l’Evangile ne renverse pas le monde » et Dietrich Bonhoeffer, quoique opposant à l’ordre nazi, écrivait de sa prison sans juger, en appelant la paix sur tous : « C’est pour eux, chrétiens et païens, qu’Il  meurt sur la croix ».

Cette croix sur laquelle Jésus est mort, demeure comme une libération et un appel pour la communauté chrétienne. C’est ce qui distingue celle-ci de toute association humaine. Elle est la seule à recevoir la Parole qui est commandement. Aucune communauté si prestigieuse soit-elle ne reçoit directement un tel ordre : aimer Dieu et aimer son prochain.

Aimer : cette parole vient d’ailleurs et elle est pour chacun, pour toi, pour moi, pour nous. C’est la Parole de vie et c’est un commandement. Même pour les couples, même pour l’entraide, même pour nous, pasteurs !..

La société humaine ne peut pas produire un tel commandement. Elle peut s’en approcher, en protégeant du divorce, en abolissant la peine de mort, en concevant des lois d’accueil aux immigrés. Mais la société ne peut dire ou écrire d’aimer, dans aucune de ses lois ou aucun de ses règlements.

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Dieu peut le faire, sous tous les horizons. Jésus-Christ l’a révélé. La communauté peut entendre ce commandement et elle peut s’y engager … parce que « tout ce qui est vrai, tout ce qui est digne, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est moralement bon et digne de louange », peut s’inscrire dans le commandement d’aimer.

Elle peut et doit le faire si elle ne s’écoute pas elle-même et sait en qui elle croit. Ses projets ne peuvent tourner le dos à ce commandement. Elle peut être alors signe d’un autre royaume, du règne de son Seigneur. Elle ne rassemble pas des ambitieux, des m’as-tu-vus, et d’autres assoiffés de gloire humaine. En définitive, n’est-elle pas la communauté de ceux qui savent que leurs moyens sont des dons de Dieu et qu’en les demandant ils peuvent concourir, par l’amour de Dieu, à l’amour du prochain ?

Jean-Marc Kieffer