Dieu a donné aux hommes un tel pouvoir. Gilles Castelnau

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Exemple

Dieu a donné aux hommes un tel pouvoir. Gilles Castelnau

 

 Matthieu 9.1-11

On amena à Jésus un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique :
– Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.
Sur quoi, quelques scribes dirent au dedans d’eux :
– Cet homme blasphème.
Et Jésus, connaissant leurs pensées, dit :
– Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ? Car, lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, et marche ? Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés :
– Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison.
Et il se leva, et s’en alla dans sa maison.

Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia Dieu, qui a donné aux hommes un tel pouvoir.

De là étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages, et qui s’appelait Matthieu. Il lui dit :
– Suis-moi.
Cet homme se leva et le suivit.

Comme Jésus était à table dans la maison, voici, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples. Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples :
– Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie ?

– Jésus annonce son pardon au paralysé alors qu’il n’a manifesté aucune repentance et que de toutes façons ce n’était pas le Yom Kippour. Il récupère aussi ses jambes et toute sa vigueur et Jésus, loin de lui demander de demeurer ici auprès de lui, l’envoie « dans sa maison » pour une nouvelle vie, la vie réhabilitée et dynamisée qui convient aux enfants de Dieu. L’homme se lève et marche alors qu’un paralylsé ne le peut pas. Il est « pardonné », c’est-à-dire que le poids de son passé ne pèse plus sur lui, ce qui est impensable avant le Kipour. Mais, comme l’explique l’évangéliste : c’est que « Dieu a donné aux hommes un tel pouvoir ».

 Jésus appelle Matthieu (que les autres évangiles nomment Lévy), alors qu’il n’était qu’un collecteur d’impôts travaillant pour les Romains. L’homme de l’Empire haï de César au lieu d’être l’homme du Royaume du Dieu d’Israël. On a dit par la suite que c’est lui qui aurait écrit l’Évangile qui porte son nom (les biblistes d’ailleurs en doutent fort). Comment un tel homme a-t-il pu être invité dzns le cercle des amis de Jésus et même écrire dans la Bible ? c’est que « Dieu a donné aux hommes un tel pouvoir ».

 Puis Jésus rejoint tout ce monde dans « la » maison (Marc et Luc disent qu’il était invité dans la maison de Lévy. Ici, Matthieu nous laisse dans le vague : « la » maison. Celle où l’on est en compagnie de Jésus et dans son ambiance. Peut-être la vôtre ou la mienne.
Dans cette maison où il y a Matthieu et d’autres « pécheurs ».
Peut-être aussi le centurion romain (adorateur de Mitra sans doute, les militaires l’étaient volontiers) dont Jésus venait de guérir son jeune serviteur auquel il était si attaché.
La femme syrienne adoratrice de Baal comme on l’était couramment dans ce pays.
A aucun Jésus ne pose de question indiscrète. A aucun il ne demande de croire en lui ou au Dieu d’Israël. Il en était ainsi dans sa famille : rappelez-vous que Joseph et Marie avaient accepté les hommages et les cadeaux des mages sans leur faire la moindre remarque alors qu’il étaient astrologues – ce que la Loi de Moïse récusait radicalement – et qu’ils venaient d’Orient, d’Irak ou d’Iran… Jésus ne disait rien.

Le pasteur Charles Wagner avait l’habitude de commener le culte par ces mots :
« Entrez ici, vous n’y êtes les hôtes d’aucune famille étroite : vous êtes les hôtes de Dieu, vous êtes donc chez vous ».

Dans « la » maison, l’ambiance était nouvelle, apaisante, dynamisante, fraternelle, sans culpabilité ni étroitesse d’esprit. Quel que soit son horizon spirituel, on y était comme chez soi, on était les hôtes de Dieu. Les hôtes de Dieu, tel que Jésus le comprend. Dieu qui pardonne le paralysé coupable sans qu’il se soit repenti, sans que ce soit le Yom Kippour. Dieu qui invite le collecteur d’impôts et s’assied avec les « pécheurs ». Dieu nous libère de nos tabous, de nos blocagfes personnels, de notre éducation et nous fait aller, comme disait Paul, « infiniment au-delà de ce que nous demandons ou pensons. »
Matthieu disait : « Dieu donne aux hommes un tel pouvoir ».

– Les pharisiens conservateurs sont dépassés en ouverture d’esprit : Ce ne sont pas les règles de la cacherout, des prières rituelles ou du respect méticuleux du sabbat qui nous aident vraiment à vivre.

Les athées aussi sont dépassés par cette ouverture d’esprit, alors qu’il pensent que nous sommes coincés par quantité de blocages religieux aberrants.

Matthieu montre au contraire que Dieu nous libère l’esprit de tout tabou religieux ou social. Qu’il nous « donne le pouvoir » de franchir les limites de nos représentations habituelles, de notre éducation et qu’il ouvre des champs nouveaux à notre esprit d’investigation, à nos habitudes, à notre religion.

Ce ne sont pas les règles de pureté, de morale stricte des pharisiens intégristes qui peuvent nous aider à vivre. Ce n’est pas notre appartenance à une religion, à une idéologie qui peut nous rendre humains, sympathiques et souriants. C’est le pouvoir de nous sentir pardonnés, déculpabilisés, de nous lever et de vivre une vie nouvelle dans notre maison et dans « la » maison des autres avec « le pouvoir de vie que Dieu donne aux hommes ». L’Esprit qui anime les enfants de Dieu.

Nous qui ne sommes pas juifs, nous disons à la suite de Jésus, que ce ne sont pas les règles de pureté rituelle, de morale stricte qui aident à vivre dans l’harmonie de Dieu. Ce n’est pas de manger ou de s’abstenir de porc, de porter ou non une kippa qui compte pour nous. Mais nous ne faisons pas de cette attitude une règle qui excluerait ceux de nos contemporains qui s’y conforment. Lorsqu’un juif se trouve parmis nous, nous ne l’obligeons pas à manger du porc et lorsque nous allons à la synagogue nous prenons garde de bien avoir la tête couverte.

Nous qui ne sommes pas catholiques, nous disons à la suite de Jésus que ce n’est pas l’appartenance à une certaine église, l’adhésion à des sacrements, des rites qui aident à vivre dans l’harmonie de Dieu. Mais nous n’excluons pas les catholiques lorsqu’ils se trouvent parmi nous et lorsque nous allons à la messe et que le prêtre nous le permet, nous sommes heureux d’y communier.

Nous qui ne sommes pas évangéliques, nous disons à la suite de Jésus que ce n’est pas l’affirmation de certaines doctrines comme le pardon du Péché originel par le sang de la croix du Christ ou la proximité du Retour du Christ et du Jugement dernier qui aident à vivre dans l’harmonie de Dieu. Mais nous n’excluons pas les évangéliques lorsqu’ils se trouvent parmi nous et lorsque nous allons dans leurs assemblées, nous nous plaisons à chanter leurs cantiques enthousiastes et à clamer leurs amen et leurs alléluias.

Un Esprit de force et de guérison et donc un Esprit d’ouverture sans crainte. Les lois de Moïse étaient excellentes mais le raidissement des pharisiens les rendent inhumaines. Les dogmes, les traditions religieuses sont des conclusions, les clés de voûte des réflexions de ceux qui ont aimé le Christ avant nous. Mais ils nous enferment en nous-mêmes et excluent les autres si on les identifie à la Vérité divine.

Jésus est allé dans des maisons où il n’aurait pas dû aller. Il nous en donne l’exemple. La Présence spirituelle de Dieu nous ouvre au monde, nous libère de nos principes étroits et de nos peurs. Jésus montre que Dieu est Père de tous les hommes et qu’un seul commandement compte : Aimer Dieu ainsi que son grand dessein de créativité et aimer son prochain objet de ce grand dessein de créativité. Dieu a donné aux hommes un tel pouvoir.

Pour pratiquer l’amour que Jésus nous fait connaître, méfions-nous de ce mot qui est trop galvaudé aujourd’hui et sent souvent la guimauve molle et sucrée. Un théologien proposait d’observer un moratoire sur de mot amour. Disons plutôt respect, fraternité, empathie.
L’empathie se distingue de la sympathie en ce qu’elle n’est pas sentimentale, émotionnelle. Elle fait ressentir ce que vit le paralysé, le collecteur d’impôts, notre prochain, même si nous ne le trouvons pas sympathique. L’empathie à niveau zéro nous rend psychopathes, psychorigides, narcissiques. Au niveau 6 elle nous ouvre à l’Esprit de Dieu que Jésus nous révélait.

Prenons donc conscience que « Dieu nous a doonné le pouvoir » de vivre dans un monde travaillé, libéré, apaisé, rendu fraternel et humain par la présence de Dieu, bien au-delà de ce que nous imaginons ou pensons.

« Va dans la maison », même si elle est mal fréquentée et rayonne ce « pouvoir que Dieu a donné aux hommes ».

Gilles Castelnau